L'INSTRUMENTALISATION DES CHEFS COUTUMIERS PAR LES PARTIS POLITIQUES, LE GOUVERNEMENT ET L'ÉTAT DANS LES CONTEXTES ELECTORAUX DU DISTRICT DE HOMOINE (MOZAMBIQUE), 1994-2014

Résumé

Cet article explore la complexité des dynamiques d'instrumentalisation des chefs coutumiers par les partis politiques, le gouvernement et l'État, dans les processus électoraux à Homoíne (Mozambique). Presque unanimement décrits comme des auxiliaires administratifs de l'administration coloniale, les chefs coutumiers – plus spécifiquement les régulos, cabos et indunas – représentent dans l'imaginaire social et idéologique du FRELIMO post-indépendance, le type de société à éliminer – la dite traditionnelle. En revanche, les structures dites coutumières établissent des nouvelles alliances politiques dans le contexte de la guerre civile, ce qui conduit à des dynamiques encore plus complexes dans le cadre des processus électoraux post-conflit. L'article s'appuie sur quatre sources principales : la presse, la législation, les photographies et l'oralité – les interviews. Nous ne cherchons pas à affirmer de manière concluante que les résultats électoraux ont été déterminés par l'influence manipulatrice exercée par les chefs locaux. Nous cherchons à démontrer que leur participation partielle et leur positionnement politique ont joué un rôle considérable dans les choix partisans des communautés. Ce qui justifie notre argument – qui associe, d'une certaine manière, le changement de parti du Régulo Machavele en 1999 – par exemple, avec la perte de terrain de la RENAMO dans son regulado et au-delà. C'est à partir des années 2000 – précisément avec l'adoption et la mise en œuvre du décret 15/2000, que se dessinent des changements marquants dans les options et positionnements politiques des chefs. Ces changements, à leur tour, accentuent encore plus l'influence initiée dans les années 1990 sur les résultats électoraux. Ce phénomène, en se reflétant, d'une certaine manière, dans les résultats des élections, souligne l'importance d'une analyse approfondie des nuances qui imprègnent l'interaction entre les chefs coutumiers, les acteurs politiques institutionnels et les dynamiques électorales locales.